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Stéphanie Hochet, le blog officiel

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"William" dans La Revue des deux mondes

Publié par Stéphanie Hochet sur 19 Mars 2024, 20:13pm

Par Pierre Cormary, "Le songe d'un nuit d'Hochet" :

"Se raconter à travers Shakespeare. Sollers l’avait déjà fait dans Le Nouveau. Alors pourquoi pas l’autrice de Sang d’encre ? Si nous sommes de l’étoffe dont on tisse les rêves, eh bien rêvons Shakespeare, shakespearons-nous ! D’autant qu’un blanc est fait pour être comblé et que nous ne savons pas ce qu’a fait « William » entre 1585 et 1592, « années perdues » comme on dit, mais qui furent sans doute celles de sa formation.

« Qui est-il, d’abord ce jeune homme qui « ne savait ni ne voulait travailler » et qui rêve « d’un art réunissant la poésie, le suspens, l’effroi et la grandeur ? » »

Qui est-il, d’abord ce jeune homme qui « ne savait ni ne voulait travailler » et qui rêve « d’un art réunissant la poésie, le suspens, l’effroi et la grandeur ? ». À 18 ans, il épouse une femme de 26 ans, Anne Hathaway (littéralement «hate away », « loin de toute haine »), rejoignant ainsi le club des « corps informés » cher à Sollers (relire Macron lacanien) et pour qui rien de telles que les femmes plus âgées pour faire les rois, les présidents et les génies. Six mois plus tard, il est père d’une petite fille, Suzanna, grâce à laquelle il redécouvre « la langue originelle, avant la faute » – et l’on retrouve là la bébéphilie de Stéphanie Hochet et son intérêt pour le langage primal déjà traité dans Un Roman anglais.

Suivent les jumeaux Judith et Hamnet sur lesquels psychanalystes et sémiologues ont tant glosé, gémellité, rivalité, mais aussi fluidité homme-femme, mimétisme frère-sœur, étant en effet au cœur de la dramaturgie shakespearienne – et sans parler de ce « n » d’« Hamnet » qu’il remplacera un jour par un « l ». Du reste, Anne est une femme de caractère qui aurait voulu être un homme, un soldat même, au service de la reine. C’est que l’habit fait l’homme – ou la femme. Les sexes aussi sont faits de l’étoffe des rêves – et la masculinité n’a jamais été le contraire de la féminité.

Bien entendu, écrire sur Shakespeare, c’est voyager à travers ses pièces et le lecteur goûtera comme il se doit les multiples allusions, scènes, caméos qui traversent le récit : scène du balcon de Roméo et Juliette, angoisse hamlétiennes, camarade falstaffien (le comédien Barnabe), elfes, fées et lutins cachés au coin de chaque page, sorcières ici et là. Mais c’est aussi écrire sur son style : « l’infini dans trois quatrains et un distique », le sonnet-monde, la chute-flèche. Et bientôt, au théâtre, le verset vierge, la poésie débarrassée de la rime, le pentamètre iambique qui permet la vitesse du vers, l’invention du « galop anglais », « la phrase qui parle au public. » Il faut « que le texte se dise, se susurre, se hurle et que le spectateur enfouisse son visage dans un bain de cruauté. »

« La cruauté, c’est le rayon d’Hochet. Jamais l’écriture de celle-ci, toute d’épouvante discrète, de rasoir retenu, d’écorchage circonspect, n’a été aussi fluide, précise, heureuse. »

La cruauté, c’est le rayon d’Hochet. Jamais l’écriture de celle-ci, toute d’épouvante discrète, de rasoir retenu, d’écorchage circonspect, n’a été aussi fluide, précise, heureuse que dans cette biographie imaginaire quoique probable du grand Will et comme si celui-ci l’avait libéré d’une certaine sécheresse – en plus de lui permettre de se raconter comme jamais : ses origines prolos, ses fugues, sa singularité, son cousin homosexuel suicidé par sa famille, et l’oncle malfaisant, démoniaque, mi-Roi Lear mi-Richard III – tout cela narré sans affèterie ni baroquisme, au contraire de sa joyeuse commère de Bruxelles, toujours un peu drama queen sur les bords, Amélie N., à laquelle « Pétronille » en a peut-être assez d’être ramenée. (...)"

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