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Stéphanie Hochet, le blog officiel

Presse,présentation, analyse des romans, articles, interviews littéraires


Partenariat artistique avec Stanislas Kalimerov

Publié par Stéphanie Hochet sur 11 Octobre 2014, 13:53pm

Il y a quelques mois, le photographe Stanislas Kalimerov me proposait de participer à son exposition de photographies dont la thématique lui avait été inspirée par son enfance et sa famille. L'exposition intitulée Combat intime s'est tenue à la Galerie Ricardo Fernandez, au cœur du Marais à Paris à partir du mois de mai 2014. Inspirée par les œuvres qui allaient être exposées, j'ai écrit un texte qui était sans doute ma perception de l'histoire de Stanislas et de sa famille.

Le texte de l'exposition est lisible ici. Il est accompagné de l'affiche.

Combat intime

C'était la timidité. L'émotion craintive devant l'autre, cet inconnu avec qui on passerait toute sa vie.

C'était étrange. Etrangement exaltant. Comment s'apprivoiser ? Comment s'entendre ? Par petites touches, comme deux animaux se flairent et se découvrent. Les mains s'approchant, se saisissant pour se calmer.

Autour, les beaux-parents scrutent, commentent. Ici, un rire de connivence, là une remarque vexante, alors on cherche un lieu pour abriter l'intimité récente : la bibliothèque, la nuit. La pièce épaisse de silence les accueille, les corps se rapprochent, disent ce qui ne peut être prononcé. Consolation.

Ce qu'on a laissé de sa propre famille en se mariant, ce qui vit dans les souvenirs s'articule difficilement. Le temps a pressé les vies et la guerre a éclaté. L'après ne ressemble plus à l'avant. Chaque respiration d'Henri est un supplice. Douleur et son. Ce son, ce crissement des bronches malades, des poumons gazés lors du conflit. Une guerre qui dure encore après l'armistice, usant la vie des rescapés.

La famille est un ordre. Les forts conduisent les faibles. Les femmes se regroupent, échangent. Toujours plus intimes que les hommes. Pourtant cette complicité devient vénéneuse à certains moments.

Le passé est lourd et les éclats du plus âgé pourraient envoyer enfants et parents ad patres. Le sexe et la mort. Le sexe qui use, grise le corps, le sape. La syphilis comme contrebandière atteint les neuronnes de l'ancien. Attention, il a pris son fusil ! Il le pointe sur..., il va... Finalement, il baisse l'arme. Plus personne n'ose respirer. Les yeux encore écarquillés. Lui qui est si gentil, l'ancien. Personne ne comprend.

Les mots remplacent les armes ; ils flinguent sans laisser de trace. La famille rassemble dans son poing amour, jalousie, haine. Tout se resserre. Et le silence fige, contracte les sentiments comme de la glace.

Des éclats de lumière soudain. C'est la rencontre, la surprise, l'amour. Elle est jeune, elle sort de son village, elle va transmettre son savoir aux plus jeunes, lui est juché sur un vélo. Il est calme et beau. Ils s'attirent. Suspension des combats. L'air frais se respire, les corps s'épanouissent. La vie est là qui commence, recommence.

S. H. pour l'exposition de Stanislas Kalimerov.

Quand l'image et le texte dialoguent...

Quelques temps plus tard, Stanislas m'a proposé de me photographier. "Je voudrais que tu choisisses un endroit que tu aimes et un que tu n'aimes pas..." Nous allâmes donc d'abord aux Arènes de Lutèce, puis dans une boucherie.

Voici un des portraits.

Les autres seront bientôt visibles sur son site : http://www.stanislas-kalimerov.com/

Ces portraits ne sont pas libres de droit.

S.H.

©Stanislas Kalimerov©Stanislas Kalimerov

©Stanislas Kalimerov

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Je vous approuve pour votre exercice. c'est un vrai œuvre d'écriture. Poursuivez

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